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mehdi, |
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Accueillir l'enfant en l'acceptant tel qu'il est |
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Dans ce centre de loisirs primaire accueillant 150 enfants de 6 à 12 ans, je travaille comme directeur adjoint pendant les vacances d'hiver. Mehdi à 10 ans et fréquente tous les jours ce centre de loisirs.
Jeudi midi.
Un midi comme un autre. Après avoir fermé les portes du centre, je rejoins les enfants et les animateurs pour le repas. Arrivant devant la salle à manger, je trouve Mehdi, seul, assis sur les marches, en train de pleurer. Je m'assoies à coté de lui et m'inquiète de savoir ce qui lui arrive. Mehdi vient de se faire gronder par une animatrice car il s'est disputé avec un autre enfant. Il refuse d'aller manger, dit qu'il n'a pas faim et se remet à pleurer. Je reste avec lui et attend qu'il se calme pour discuter avec lui. Il me dit qu'il " en a marre " ; qu'à l'école, chez lui, au centre de loisirs, c'est toujours lui qui se " fait engueuler ".
Jeudi après-midi.
Une animatrice arrive furieuse dans le bureau, traînant Mehdi par le bras. Mehdi est en larmes. L'animatrice déclare qu'elle n'en peut plus, que Mehdi n'écoute jamais, que dés qu'on lui dit quelque chose, il se met à pleurer. Elle laisse Mehdi et rejoint son groupe. Mehdi se calme. J'essaie de savoir ce qui s'est passé. Il ne veut pas parler. Un silence s'installe pendant dix minutes. Je demande à Mehdi s'il souhaite rejoindre son groupe. Il préfère rester et m'explique ce qui s'est passé. Il a refusé de ranger un jeu car ce n'est pas lui qui avait joué avec. " Pourquoi c'est moi qu'on punit toujours " me demande-t-il.
Vendredi matin.
Une partie du groupe fait un stage roller tous les matins de la semaine. Mehdi est inscrit à ce stage. Aujourd'hui, pour conclure le stage, les enfants vont à La Défense. Mehdi arrive en pleurant. Le car vient de partir… sans lui. A midi, l'animatrice m'expliquera que lorsqu'elle a crié " RASSEMBLEMENT ! ", Mehdi, qui jouait dans la cour, n'est pas venu.
Vendredi après-midi.
Mehdi est à nouveau puni. Cette fois-ci, il s'est battu avec un autre enfant, qui l'avait insulté. Une fois de plus, je le retrouve en train de pleurer. J'explique à Mehdi que s'il a le droit d'être en colère parce que on l'a insulté, il n'a pas le droit de frapper, de se battre.
Réunion des animateurs.
Je demande à ce qu'on parle de Mehdi. Je rappelle qu'en deux jours, il a été puni deux fois et qu'il a été " oublié " deux fois (le repas du midi où aucun animateur ne s'était aperçu de son absence et le jour du roller).
Les animateurs s'expriment avec colère. " Mehdi n'écoute jamais " ; " Mehdi pleure tout le temps " " C'est un enfant difficile " " Même à l'école, les instits ne le supportent plus "… " Et puis, discuter avec lui comme tu l'as fait, c'est entrer dans son jeu…. "
Mais de quel jeu parle t'on ? Etre exclu, est-ce un jeu ? Et pourquoi n'aurait t'il pas le droit de pleurer ? Et si pleurer était pour lui la seule façon d'exprimer sa détresse ? Et si au lieu de la punir, de le rejeter, (voir de l'humilier en le traitant de bébé comme je l'ai entendu par la suite), on prenait le temps d'écouter cette détresse ?
" Mais nous ne sommes pas des psy " m'ont répondu les animateurs. Non, bien sûr, mais il n'est pas nécessaire d'être psy pour prendre le temps d'écouter un enfant, de parler avec lui.
Etre animateur, n'est-ce pas aussi savoir accueillir un enfant en l'acceptant tel qu'il est et non en le rejetant parce qu'il est pas comme on souhaiterait qu'il soit ?
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