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L'agressivité à l'école

La violence à l'échelle réduite

Tous les enfants sont confrontés à l'agressivité

 

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L'agressivité à l'école est un problème sérieux. Lorsqu'une école ne parvient pas à répondre à ce problème, elle fait défaut à ses élèves et à sa communauté. L'agressivité ne disparaîtra pas en étant ignorée.
L'école, c'est le monde à l'échelle réduite. La culture de violence - les atrocités, les actes de terrorisme, qui sont trop fréquents lors des conflits armés, toutes les violations flagrantes des droits humains fondamentaux - est aussi présente dans la cour de récréation. L'agressivité à l'école implique l'agression gratuite, le manque de contrôle, l'incapacité, pour ceux qui la pratiquent, de s'imaginer la souffrance de leurs victimes et l'absence de sentiment de culpabilité. La culture de violence peut même amener les agresseurs à penser que leurs victimes "méritent" d'une certaine façon, ce qui leur arrive.

 

 

Une culture de paix et de non-violence présuppose la tolérance. L'agressivité est incompatible avec la tolérance et n'a pas sa place dans le système éducatif. Dans son ouvrage, le professeur Betty Reardon de l'Université de Columbia va même jusqu'à suggérer que "les enseignants ne peuvent plus guider les étudiants vers le développement de communautés harmonieuses lorsqu'une exclusion morale existe au sein de leur classe ou de leur école, pas plus que les dirigeants politiques ne peuvent guider leurs concitoyens et leur nation vers la paix quand la marginalisation et l'injustice règnent au cœur de la société." [La tolérance, porte ouverte sur la paix, UNESCO, 1997].

Les enfants du monde entier sont confrontés à l'agressivité d'une manière ou d'une autre

 

Une manière efficace d'aborder le travail d'éducation à une culture de paix avec les enfants et les jeunes du monde est de cibler leurs problèmes. La "paix" est un concept assez abstrait qui peut paraître incompréhensible à ceux qui n'ont pas souffert directement de la guerre ou de la violence des conflits armés. C'est une théorie et les théories ennuient les enfants. L'agressivité, par contre, n'est pas un concept abstrait. Il s'agit d'un véritable problème à l'échelle universelle et les enfants du monde entier y sont confrontés, d'une manière ou d'une autre. L'agressivité à l'école, c'est la culture de violence à l'échelle réduite. L'élaboration d'un programme adapté permettant de cibler l'agressivité à l'école constitue déjà un pas vers le maintien de la paix.

Dans le passé, certains ont refusé de reconnaître l'importance du problème de l'agressivité à l'école. Elle était minimisée ou assimilée à une attitude faisant partie du processus de maturité. On a souvent dédramatisé ses dangers. Aussi bien les enseignants que la société avaient tendance à expliquer qu'ils ne s'impliquaient pas car les enfants doivent être encouragés à résoudre leurs propres problèmes. Au cours des vingt dernières années, il a été reconnu que l'agressivité à l'école n'était pas une attitude normale et qu'elle ne devait certainement pas faire partie du développement des jeunes. La question rhétorique se pose de plus en plus: pourquoi les écoles devraient-elles accepter un comportement qui est inacceptable en dehors de l'école?

Aucune société n'est immunisée contre le problème de l'agressivité à l'école

 

Aucune société n'est immunisée contre le problème de l'agressivité à l'école. En Australie, par exemple, chaque semaine, un enfant sur six est victime d'agressivité. Là-bas, des recherches montrent que, bien que certaines victimes prétendent ne pas être incommodées par les harcèlements, une grande partie d'entre elles le sont, surtout lorsqu'il s'agit de harcèlement social qui consiste à exclure une victime d'un groupe d'amis. Une étude australienne conclut que les victimes de cette catégorie de harcèlement étaient plus susceptibles de souffrir de dépression, de névrose traumatique et de schizophrénie.

En Ecosse, des études ont démontré que l'agressivité à l'école pouvait avoir des effets dévastateurs sur les victimes, allant de l'absentéisme et de mauvais résultats scolaires à la dépression clinique et au suicide.

Ces dernières années, les sociétés japonaise et coréenne ont été exposées à plusieurs cas d'agressivité acharnée à l'école ('ijime'). Le harcèlement et les agressions physiques sont nombreux (et un nombre croissant d'étudiants en arrivent au suicide). La société coréenne reconnaît à présent le problème au niveau gouvernemental, mais il est tellement ancré dans la société qu'il leur est toujours impossible de trouver une solution efficace.

Le professeur Reardon remarque que si l'on ne se préoccupe pas du problème de l'agressivité à l'école, les souffrances physiques et psychologiques des victimes ne seront pas les seules conséquences auxquelles il faudra faire face: les agresseurs aussi peuvent souffrir de troubles moraux irréparables et les observateurs ou témoins des incidents ont tendance à refuser leur part de responsabilité.

Lorsque les victimes usent de représailles, les conséquences peuvent être mortelles. Le 20 avril 1999, à l'école de Columbine dans le Colorado aux Etats-Unis, deux étudiants se sont lancés dans une folie meurtrière, tuant 12 étudiants et un enseignant, blessant 23 autres étudiants avant de se donner la mort. Les deux étudiants étaient exclus et rejetés par leurs camarades d'école. Ils étaient souvent victimes d'insultes de la part des sportifs de l'école, on se moquait de la façon dont ils s'habillaient et ils étaient victimes d'abus physiques.

Tolérer l'agressivité à l'école risque de donner un dangereux exemple à tous les enfants: que les agresseurs arrivent à leur fin et qu'il est normal de copier leur comportement. Inversement, comme le souligne le professeur Reardon, si les étudiants suivent un enseignement qui condamne l'agressivité, "il est probable qu'ils développent les sentiments de justice et de responsabilité morale essentiels pour surmonter les injustices et la marginalisation dans notre communauté, notre région et notre monde."

Les écoles doivent redéfinir l'agressivité grâce à leurs expériences et aux circonstances dans lesquelles les incidents se sont déroulés, mais d'une manière générale, on parle d'agressivité lorsqu'une personne ou un groupe tente d'importuner une autre personne en lui tenant des propos désagréables ou cruels à plusieurs reprises. Il arrive que les agresseurs frappent ou donnent des coups de pied, qu'ils forcent leurs victimes à leur donner de l'argent. La victime ne parvient pas à faire cesser les harcèlements et vit dans l'angoisse qu'ils recommencent.

Peut-on faire mettre un frein à l'agressivité à l'école?

Les enfants doivent pouvoir apprendre et jouer sans crainte

L'école doit être un lieu pacifique, un endroit où les enfants puissent apprendre et jouer sans crainte. Cet environnement doit leur permettre d'acquérir les compétences nécessaires afin qu'à leur tour, ils soient en mesure de maintenir une culture de paix dans le milieu dans lequel ils vivront.

Le Conseil écossais pour la recherche dans l'enseignement a tiré les conclusions suivantes de ses recherches:

- la manière la plus efficace de vaincre l'agressivité à l'école est d'adopter une série de règles qui indiquent clairement que ce comportement ne sera pas toléré;
- que le problème soit reconnu - les écoles doivent reconnaître l'existence de l'agressivité;
- la franchise est de rigueur - chacun doit pouvoir parler de l'agressivité sans craindre d'être rejeté ou puni et
- les parents, enseignants et élèves doivent oeuvrer au succès de cette politique.

Le programme en trois volumes de Betty Reardon, La tolérance - Porte ouverte sur la paix, une publication de l'UNESCO, est tout à fait pertinent. Elle aborde en partie le problème de l'agressivité dans le contexte des préjugés et de la discrimination. Le pas est rapidement franchi entre l'intolérance démontrée par un enfant agressif dans la cour de récréation et le monde plus large qui souffre d'une culture de violence et de haine.

Internationale de l'Education
5, Bd Albert II
1210 Bruxelles, Belgique

http://www.ei-ie.org

Le professeur Reardon recommande la lecture de cas de recherche, ainsi que des livres et films qui illustrent comment certaines personnes ont acquis une responsabilité morale. Ces personnes ont évolué de spectateurs sans cœur ou ignorants, ou même de bourreaux ou complices en des êtres responsables et solidaires avec les victimes. Elle cite comme exemples de films: La liste de Schindler, Une saison blanche et sèche et Romero.

Document de l'Internationale de l'Education extrait de la plaquette "Les syndicats de l'éducation pour une CULTURE DE LA PAIX" (2000)

 

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